On parle de plus en plus des microalgues pour l’alimentation humaine, mais les connaissez vous vraiment ? Klamath, Spiruline, Chlorelle, quelles sont les différences entre ces microalgues autorisées à la consommation humaine par l’AFSSA, et surtout laquelle choisir ?

De gauche à droite, Klamath - Chlorelles - Spirulines © XDR

Tout d’abord, voici un résumé des principales caractéristiques de ces supers aliments :

  • La Chlorelle est la plus riche en chlorophylle (pigment) et donc la meilleure pour nettoyer les intestins, pour cicatriser les ulcères gastriques, pour l’équilibre acido-basique ou encore pour neutraliser les toxines bactériennes. Par contre, elle n’a pas du tout de phycocyanine, le pigment santé par excellence, que la communauté scientifique étudie de plus en plus. De toute la biodiversité existante sur la planète, seules les cyanobactéries produisent de la phycocyanine.
  • La Klamath est une cyanobactérie tout comme la spiruline. Elles ont une composition relativement proche bien que la klamath soit plus riche en micro-nutriments. Malheureusement son prix est 2 à 5 fois supérieur à celui de la spiruline, car elle n’existe que dans un seul endroit sur la planète à l’état naturel et n’est pas cultivée.
  • La Spiruline, comme on vient de le dire, a une composition assez semblable à la klamath. Par contre, elle se trouve à l’état naturel dans plus d’une centaine de régions du globe, mais surtout, la spiruline est cultivée dans différents pays dont les USA, la Chine, l’Inde et artisanalement en France, ce qui lui confère un prix bien plus raisonnable.

Voici maintenant une brève description des trois “microalgues” les plus sujettes à comparaison de la part des consommateurs aspirants, et à chacun de faire son choix !

LA CHLORELLE (Chlorella vulgaris)

C’est une algue microscopique à part entière, de couleur vert profond et ne mesurant que 5 microns (0,005 mm). Apparue sur terre il y a environ 2,5 milliards d’années, elle se développe aujourd’hui dans les eaux douces du monde entier. La chlorelle est exceptionnellement riche en chlorophylle, et l’épaisseur de sa membrane cellulosique empêche les virus de s’y attaquer.

Martinus Willem Beijerinck

Découverte de la Chlorelle

On doit sa découverte au botaniste et microbiologiste hollandais, Martinus Willem Beijerinck, en 1890. Rapidement les scientifiques s’y intéressent et le microbiologiste Hardner Linder réalise une expérience d’envergure en incorporant la microalgue dans l’alimentation des troupes allemandes durant les deux grandes guerres. Puis c’est le Japon, qui dans les années 1955, l’utilise pour nourrir les militaires et les écoles. Mais dans tous les cas la production se heurte à un problème de taille, l’indigestibilité de l’algue dû à son épaisse membrane cellulosique. Il faudra alors attendre les années 1970 pour trouver un procédé qui, par éclatement de la membrane, rendra la chlorelle plus digeste.
Quoi qu’il en soit, même aujourd’hui sa digestiblité est loin d’atteindre celle de la spiruline et de la klamath.

Consommer de la chlorelle

Elle reste très appréciée au Japon, pays historique de sa consommation. Depuis quelques années de grands laboratoires internationaux et des multinationales l’étudient comme biocarburant et particulièrement pour du biodiesel de seconde génération.
La chlorelle est très riche en chlorophylle, deux à trois fois plus que la spiruline. Cela lui permet d’agir efficacement sur tout le système digestif, de la bouche au rectum : mauvaise haleine, cicatrisation des plaies gingivales ainsi que des ulcères gastriques et duodénaux, destruction de Candida albicans, réduction des gaz, des acides, des fermentations intestinales et des hémorroïdes, neutralisation des toxines bactériennes (staphylocoques dorés et colstridium perfringens compris). La chlorophylle améliore également l’équilibre acido-basique et stimule la production d’hémoglobine et de globules rouges. C’est donc un anti-anémique intéressant.
La chlorelle contient une palette de micro-nutriments assez large, presque aussi riche que la spiruline. Malheureusement ils sont moins vite assimilables par l’organisme à cause d’une digestibilité plus difficile. Son deuxième point négatif est de ne pas contenir de phycocyanine, le pigment santé d’excellence dont la liste des bienfaits s’enrichit à chaque nouvelle étude scientifique.
La chlorelle se trouve en poudre, en comprimés ou en gélules. Le prix d’achat se situe entre 8 et 30 € les 100 g.

LA KLAMATH (Aphanizomenon flos-aqua, AFA)

Lac Klamath - Oregon © XDR

La klamath est une cyanobactérie tout comme la spiruline, aux propriétés similaires, mais à un prix bien plus élevé. En effet elle n’existe que dans un seul lac au monde, le lac Klamath en Orégon, et n’est cultivée nulle part ailleurs.

Chef Klamath près du lac

En 1826, le lac est découvert par Peter Skeen Ogden, un explorateur et trappeur canadien qui travaille pour la Compagnie de la baie d’Hudson, fondée à Londres en 1670 (il s’agit de l’une des plus vieilles sociétés au monde encore en activité). Il découvre trois tribus qui vivent autour du lac, les Yahootskins, les Modocs et les Klamaths. Ogden ecrira un livre “Traits de la vie et du caractère des Indiens d’Amérique, par un négociant en fourrure”.

En 1975, Daryl et Marta Kollman commencent à cultiver la chlorelle et la spiruline dans la ville de Bosque au Nouveau Mexique. En tant qu’enseignant, Daryl avait déclaré : “Je savais que la concentration est un pré-requis à l’apprentissage et que les enfants en manquaient de plus en plus. Si je voulais réussir avec ma classe, il fallait faire quelque chose pour améliorer l’alimentation des enfants”.

Production de Klamath

C’est dans cette optique que le couple commence la culture de microalgues. Le fait est relayé par les médias, et en 1976, un avocat de la ville de Klamath Falls, Anthony Giacomini, prend contact avec Daryl Kollman pour lui faire savoir que le lac Klamath est rempli d’algues vertes. Après avoir analysé un échantillon et testé cette microalgue, Daryl vient à Klamath Falls et crée en 1982 avec son frère Victor une structure d’exploitation de la Klamath.
Aujourd’hui cinq grosses compagnies récoltent la Klamath (Klamath Algae Products, Klamath Valley Botanicals, Desert Lake Technologie, Simplexity Health et Klamath Blue green). Il n’existe donc aucune production artisanale de klamath.

Barge de récolte de la klamath © XDR

Bien que sa palette en micro-nutriments soit un peu plus large, la découverte de la klamath, plus récente que la spiruline, n’a pas remis en question les programmes de l’ONU, l’OMS, l’UNESCO, la FDA, la NASA ou encore l’ESA qui s’articulent autour de la spiruline. Si la klamath avait un potentiel notablement supérieur, des programmes lui auraient été consacrés…
Il est a noter qu’un rapport de novembre 2017 de l’ANSES (agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), constate un risque plus élevé de toxicité aux cyanotoxines, sur la Klamath que sur la spiruline : “La majorité des produits contenant exclusivement de la spiruline (Arthrospira spp) et ayant fait l’objet d’études de contamination ne présente pas de niveau préoccupant de cyanotoxines, contrairement à d’autres cyanobactéries (Aphanizomenon flos-aquae).”

On la trouve en poudre, en comprimés ou en gélules. Le prix d’achat se situe entre 27 et 80 € les 100 g (suivant la marque et la quantité).

Ci-dessous vous trouverez un tableau comparatif, à prendre avec précaution car par exemple pour la spiruline nous y avons trouvé certaines erreurs, corrigées en rouge. N’étant ni spécialiste de la klamath, ni de la chlorelle, nous ne pouvons certifier leurs données.

Compositions des principales microalgues

LA SPIRULINE (Arthrospira platensis)

On ne va pas vous en parler ici, vu que notre site entier y est consacré. Regardez notre page dédiée à la spiruline pour vous faire une idée.

Pour finir, une quatrième microalgue est autorisée par l’Afssa à la consommation humaine en France, il s’agit de l’odontella aurita. En voici donc un petit complément d’information

L’ODONTELLA AURITA

 Carl Adolph Agardh

C’est la seule des quatre micro-algues qui soit d’origine marine. Elle se développe dans de nombreux pays côtiers, dont la France (Seine-Maritime, Morbihan et Charente-Maritime). On doit sa classification dès 1832 au botaniste et mathématicien suédois Carl Adolph Agardh. Contrairement aux autres microalgues elle est réputée pour sa teneur en oméga 3, manganèse et silicium. Mais c’est là son seul avantage (comparatif ici). Comme la chlorelle, il ne s’agit pas d’une cyanobactérie et ne contient donc pas de phycocyanine. Son prix est d’environ 80 € les 100 g.

Il est a noter l’initiative intéressante de la toute nouvelle société française Odontella, qui va commercialiser courant 2018 un saumon 100% végétal, avec la microalgue odontella aurita. Le prix annoncé est autour de 50 € le kg.